dimanche 31 juillet 2016

La vérité et l’obligation d’exister

Le principe du fonctionnement sain d’un animal est que toutes les descriptions, qu’il fait (elles s’établissent automatiquement dans son cerveau), soient aussi exactes que possible. L’exactitude de ses descriptions du monde a un impact direct sur sa survie.

Se tromper est mortel. Se mentir pour un être intelligent est encore plus mortel. La vérité est nécessaire à la survie de l’individu.

Le problème est qu’une « certaine vérité » est mortelle pour l’espèce, pour la Vie elle-même. Cette vérité est que la vie des individus est absurde, hasardeuse, belliqueuse, toujours mortelle, donc il vaudrait mieux ne pas imposer à un rejeton, qu’on est censé aimer par avance, cette existence à haut risque.

La vérité n’est pas un objet ni un évènement. La vérité est une description de ces objets ou évènements. La vérité passe par un langage, quel qu’il soit (parole, écriture, signe, image, etc.) La vérité cherche à établir une correspondance aussi exacte que possible entre l’objet ou l’évènement et sa description par un langage quelconque.

La vérité est une relation que l’on fait à soi ou à un autre que soi. La vérité ne peut jamais être absolue, elle est toujours restreinte, car incomplète. Elle est toujours subjective, et donc diffère selon les individus, puisqu’il y a autant d’interprétations que de collecteurs d’expériences, c’est-à-dire de personnes.

Le mot « vérité » est un mot du langage courant, éventuellement un mot utilisé en justice, mais ce n’est pas un mot du langage scientifique, car la science ne peut pas décrire les choses dans leur totalité et dans leur fondement.

La science n’a pas accès à ce fondement, le substrat de l’univers, puisque nous en faisons partie et que nous ne pouvons nous analyser de l’extérieur de l’univers. Nous ne pouvons que tenter de casser les briques (s’il y en a) qui nous constituent en les projetant l’une sur l’autre par déviation, mais ça ne fera que nous donner un vague aperçu des interactions qui lient nos briques entre elles.

Quand on fait une analyse de l’univers, on doit tenir compte de trois phénomènes. D’abord l’univers physique matériel, ensuite la perception que l’on en a, et finalement l’analyse verbale ou matérielle que l’on en fait.

Entre l’univers physique et l’univers perçu, il y a correspondance, mais le problème est que l’analyse que l’on fait est uniquement une analyse de nos perceptions. Nous analysons l’objet perçu, l’objet fabriqué par notre système nerveux, mais nous n’analysons pas l’objet en soi.

Il faut donc s’évertuer à un « parallélisme » maximum entre la description verbale et la perception. Le problème final est la transmission consensuelle entre humains, mais c’est de ce consensus que sortent nos pseudovérités sur le monde.

La vérité est humaine et individuelle. Pour qu’une vérité soit collective, il faudrait que les significations soient identiques entre individus or, c’est impossible.

Nous enregistrons le monde qui parvient à notre corps par nos capteurs, et notre cerveau fabrique les sensations, les perceptions (il fabrique des objets mentaux !) et connecte tout ça (nous disons qu’il analyse !) avec pour résultat une réaction adaptée à ce qui est perçu. Nous n’avons pas conscience de ce que fait notre système nerveux.

Entre individus d’une même époque, la vérité est consensuelle et approximative. Dans des époques différentes, les significations variant, les vérités ne peuvent être transmises avec les mêmes mots. Nous sommes soumis aux traducteurs et aux exégètes, à moins d’en être un soi-même, et encore.

Nous sommes des mécanismes plus ou moins bien adaptés à cet univers, c’est un fait. Nous avons donc une certaine justesse de fonctionnement. Il nait des quasi-vérités de ce rapport et de notre interprétation, sinon nous ne pourrions fonctionner correctement.

Mais il n’y a que des correspondances entre notre perception du monde et la réalité, celle-ci n’est jamais perçue en totalité, nous fabriquons des objets mentaux incomplets.

Rien de ce que nous percevons n’est vrai. Comment pouvons-nous faire autrement que mentir dès que nous ouvrons la bouche ?

Une vérité de définition peut n’impliquer qu’une seule personne. Une vérité de description doit être consensuelle.

Les vérités n’existent pas, car les significations sont toutes subjectives, donc toutes différentes or, une vérité doit être universelle…

La vérité est impossible à dire puisqu’elle dépend dans un dialogue de celui qui parle et de celui qui écoute. Il faut être deux pour dialoguer. Aussi un dieu ne peut dire la vérité que s’il est au diapason avec celui qui l’entend. Ce qui est impossible, puisque nous ne sommes que de vulgaires hyposcients alors qu’il est supposé être omniscient.

Quand je décris le monde pourquoi devrais-je le décrire faussement, cela ne peut que me tromper moi-même. Je fais partie de ce monde et vous aussi. Pourquoi devrais-je vous décrire faussement ? et pourquoi devrais-je me mentir sur mon propre fonctionnement ?

Pourquoi devrais-je rajouter libre arbitre et télépathie à mon fonctionnement, et donc également à votre fonctionnement, mais aussi un paradis ou un enfer à l’univers, si cela n’existe pas ? Ne pas dire à quelqu’un une vérité aussi importante que l’absence de libre arbitre, c’est lui refuser une compréhension capitale de la vie.

Pourquoi avez-vous accepté l’idée que l’intelligence existe, pourquoi avez-vous accepté l’idée que le libre arbitre existe, pourquoi avez-vous accepté ces idées d’emblée ? Ce sont pourtant de vraies questions…

La religion est un truc basé sur la manipulation, essentiellement des enfants. Si les croyants ne veulent pas que l’on blasphème, c’est par peur que nos vérités soient plus fortes que leurs mensonges.

Les croyants savent pertinemment que le libre arbitre n’existe pas, car la manipulation des cerveaux implique l’absence de libre arbitre or, sans libre arbitre aucune religion n’a de sens ni de valeur, d’où leurs récriminations, leurs menaces, et leurs actions violentes.

C’est à une justice rationaliste de dire ce qui est blasphème, ce n’est pas au croyant, car le croyant avec sa prétention à sa propre infaillibilité, raconte des âneries et peut donc prétendre que tout ce qu’il ne veut pas que tu fasses ou dise soit blasphème. C’est évidemment très pratique comme système.

Si « on » vous prête des capacités extraordinaires d’intelligence, de force, de beauté, demandez-vous pourquoi et à quelle sauce « on » veut vous manger ? Le libre arbitre est une de ces capacités fabuleuses que « on » prête à nos cerveaux pour se servir de nous.

Maman, Papa, et la Société sont les seuls profiteurs de cette flagornerie. Vous en ferez autant quand vous deviendrez un des leurs. Mais ça n’arrange pas le monde de fausser la Vérité, voyez où nous en sommes dans cette gabegie planétaire !

Ce qui est impossible n’existe pas. Il suffit donc de démontrer l’impossibilité d’un objet, d’un évènement, d’un phénomène, d’une entité, ou d’une théorie, pour démontrer son inexistence. C’est ainsi qu’il est aisé de démontrer l’inexistence des dieux en passant par l’impossibilité des capacités qui leur sont prêtées.

Cela fait des milliers d’années que les pseudo-intelligents affirment qu’il n’est pas encore temps de dire la vérité à la masse inculte et barbare.

Beaucoup de gens pensent que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Mais les vérités qui sont des vérités de description comment ne pas les dire, pourquoi taire une description qui de toute façon sera faite par nécessité inéluctablement.

Quelles sont les vérités à cacher, et pourquoi les cacher, et à qui les cacher ?

Pourquoi certaines personnes ne devraient-elles pas connaitre certaines vérités ?

Qui décide de ce que les autres doivent savoir ? Un dictateur ! Qui sélectionne ceux qui peuvent savoir ? Un dictateur ! Comment ce dictateur sait-il qu’il sait ce qui est à savoir pour lui-même s’il n’y a pas de chercheurs qui savent avant lui, des scientifiques qui gèreront eux-mêmes le savoir du dictateur ?

Ce n’est pas parce qu’une vérité est évidente qu’elle n’a pas besoin d’être lue ou entendue au moins une fois. Le système nerveux en a besoin pour que les connexions soient établies et que les significations qui en dépendent n’aient pas de lacune.

Une bonne éducation passe par la « rencontre » de la personne avec toutes les vérités simples. (Mais dans quel ordre et où dans la structure mentale ?)

Il y a des choses dont on discute et d’autres pas, avec des enfants. L’adulte qui connait l’enfant décide en fonction de ce qu’il sait des capacités de compréhension de l’enfant. Mais avec un adulte, cacher des vérités pour ces mêmes raisons est totalement fallacieux, c’est de la manipulation.

L’adulte récolte les arguments, il les traitera peut-être un jour, ce n’est pas à nous de juger de son quotient intellectuel du moment ni de son aptitude instantanée à la compréhension. Personnellement, j’ai l’esprit de l’escalier, et les marches sont très grandes et très variables, et je pense tout le temps (comme tout le monde), mais en progressant méthodiquement (pas comme tout le monde).

Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, et donc en droit de connaitre la vérité sur tout.

Si les humains sont vos égaux, ce n’est à personne de décider de ce qu’ils doivent recevoir comme connaissances. Ce n’est pas à vous de décider de la « dangerosité » d’une information que vous connaissez. De quel droit les jugez-vous incapables de recevoir les connaissances que vous-mêmes avez acquises ?

Pourquoi dire la vérité ? Pourquoi les gouvernants doivent-ils dire la vérité ? Parce que les connaissances font partie de la culture commune, et que les gouvernants futurs baignent eux également dans cette culture commune.

Si leur éducation est faussée, leur compréhension du monde sera faussée rétroactivement, ils gouverneront avec une mauvaise compréhension du terrain et des hommes. Il n’y a pas de remise à zéro dans la culture.

Les vérités doivent être transmises à tous et pas seulement réservées à quelques privilégiés, pour la simple raison que ceux qui connaissent ces vérités doivent les transmettre de toute façon à leurs descendants, afin qu’eux-mêmes puissent se comporter correctement en toute connaissance de causes et d’effets.

Quand un gouvernant ne veut pas vous dire une vérité, c’est parce que vous êtes un pion sur son jeu de société.

De quel droit un individu et son partenaire, ou un gouvernant peuvent-ils décider pour d’autres personnes de ce qu’elles doivent savoir ou ne pas savoir, quels vérités ou mensonges elles doivent connaitre ou gober ?

De quel droit un individu et son partenaire ou un gouvernant peuvent-ils décider d’imposer à une personne d’exister dans telle ou telle condition, dans tel ou tel milieu, dans et avec telle ou telle culture, 

mais surtout de lui imposer de vivre sans aucune maitrise du corps et des capacités physiques et intellectuelles qui vont avec, et qu’il va devoir subir tout au long d’une vie dont personne ne connait à l’avance ni la qualité ni la durée ?

Il est bon pour tout humain de manger à sa faim est une vérité impersonnelle et il n’y a pas besoin d’attendre longtemps pour la vérifier.

Vérité de définition : 1 + 1 = 2 
Vérité de description : 1 voiture + 1 voiture = 2 voitures
Voulez-vous la première voiture ou la seconde ? La caisse déglinguée ou la Rolls ?

Tous les croyants du monde détiennent la vérité, donc tous les croyants sont infaillibles. Comme ils ne peuvent tous détenir des vérités contradictoires, laquelle est la vraie vérité ? Aucune. Comme ils ne peuvent pas être tous infaillibles puisqu’ils se contredisent, lequel est vraiment infaillible ? Aucun.

On ne demande pas au croyant de douter de son Dieu, on lui demande de douter de ses propres capacités mentales. On lui demande de cesser sa prétention à détenir des vérités. La moralité sans la vérité sur la réalité du monde, donc sans la vérité sur la réalité de l’être humain, n’est pas de la moralité.

Il n’y a pas d’extrémisme de la vérité, toutes les vérités ont des arguments et peuvent être expérimentées, elles doivent être dites à tout le monde, car chacun fait partie du chemin que tous nous parcourons. Il ne peut y avoir que des extrémismes de croyance, car elles ne sont pas argumentées. Ce n’est pourtant pas la vérité qu’on trouve ou qu’on dit, mais le vraisemblable.

S’il n’y avait qu’une seule question, que toutes celles, qui désirent fabriquer une nouvelle existence, devaient se poser, elle devrait être celle-ci :
« Maintenant que j’ai fabriqué un être souffrant, comment défaire la souffrance ? »

Faim
E. Berlherm   (Juillet 2016)

(Pour ceux qui préfèrerait écouter ma douce voix ou parce que Maman/Papa volontairement et Dame Nature involontairement leur ont imposé une vue déficiente vous pouvez écouter ce texte sur YouTube, ici  https://youtu.be/WUxyC-LlGUc )

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